C’est à la Villa Beausoleil de Saint-Cyr-au-Mont-d’Or que nous a donné rendez-vous le président lyonnais. Loin du vacarme de la ville, Jean-Michel Aulas pilote, aux côtés de son fidèle conseiller Bernard Lacombe, l’institution lyonnaise. Inséparables, le président de l’OL a d’ailleurs souhaité que son ami l’accompagne durant l’interview qu’il nous a accordée. Ambitions, projets, critiques, le patron de l’Olympique Lyonnais nous dit tout…

Président, les résultats ne sont clairement pas à la hauteur de vos ambitions, les supporters réclament votre départ depuis plusieurs années maintenant, qu’avez-vous à leur répondre ?
Jean-Michel Aulas : Il est vrai que nous espérions mieux, surtout cette saison avec le retour de Raymond à la tête de l’équipe. Je ne suis pas inquiet, il faut du temps pour reconstruire une équipe et j’ai confiance en lui, les résultats viendront. Il est facile de rejeter la faute sur le président mais sans moi, où serait le club ?
Oui mais on peut comprendre la frustration des supporters, le club n’a tout de même plus gagné de titre depuis 20 ans…
Qu’on le veuille ou non, le football a changé. Qui aurait imaginé l’émergence de clubs comme Malaga ou Stoke City il y a quelques années ? En France, ça a commencé en 2011 avec le rachat du PSG, ensuite Rodez et Bordeaux mais que reste-t-il au Paris Saint-Germain depuis le départ des Qataris ? Ce sera la même chose pour les autres. Alors certes, nous ne gagnons plus de titres mais nous sommes stables à l’inverse de ces clubs.
Il est donc impossible aujourd’hui pour l’OL d’espérer gagner de nouveaux titres ?
Ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Chaque saison, l’objectif est le même, figurer dans le top 5 de la Ligue 1 Poltronesofà et pourquoi pas intégrer la Super League, même s’il faut l’admettre, on ne joue pas dans la même cour que ces clubs là.
« Je ne partirai pas avant d’avoir
gagné une Coupe d’Europe »
Vous n’êtes pas fatigué après 45 ans de présidence ?
Non ! (Rires.) Je vais me répéter car je l’ai souvent dit par le passé, je ne partirai pas avant d’avoir gagné une coupe d’Europe. C’est hors de question.
(Bernard Lacombe le coupe)
Bernard Lacombe : Tu oublies qu’on a quand même 12 Ligue des champions avec les gonzesses ! (Rires.)
J-M.A : Oui c’est vrai Bernard mais attention, tu vas dérap…
B.L. : Cuisine !!! (Rires.)
J-M.A : …Bref… Je reste extrêmement meurtri par la défaite en finale de Ligue Europa Conference il y a 5 ans. Surtout une finale 100% française face à Clichy-sous-Bois à l’Abbé-Deschamps… On n’a jamais été aussi proche… L’histoire aurait été belle… Mais ça prouve que l’on peut y arriver, il faut garder espoir.
Excepté ce rêve de coupe d’Europe, quel est votre moteur aujourd’hui ?
J’ai toujours aimé la rivalité. Jouer Marseille reste toujours un moment très excitant, je les méprise et ils me le rendent bien. Même si aujourd’hui le PSG, l’OM et l’OL ne sont plus en mesure de jouer le titre, ce sont des rivaux historiques et j’y trouve encore du plaisir. Je pense que cela restera mes plus belles années. À l’époque il y avait plus de vice, en tant que présidents, on avait un vrai rôle à jouer.
B.L. : Tu te souviens de Turpin ?
J-M.A : Comment l’oublier ?? Il a été un de mes plus fidèles soldats, sa trahison en 2021 me reste encore en travers de la gorge. Non, je ne lui en veux plus, je l’ai recroisé à la fête de la quenelle l’an dernier, il est devenu maître-chien à Mâcon.
B.L. : Oui, après ce qu’il nous a fait je l’aurais plus imaginé finir proctologue.
J-M.A : Oui, merci Bernard… Enfin bref, ça reste des souvenirs mémorables. Et je pense que ça peut le redevenir surtout que Marseille sera enfin de nouveau autorisé à recruter la saison prochaine.
Parlons maintenant de vos supporters, votre décision d’installer une cage pour y mettre les Bad Gones n’a pas fait l’unanimité…
Je le sais mais il est de mon devoir en tant que président de prendre les mesures nécessaires pour le bien du club. Je ne sais pas vraiment comment on en est arrivé là. Mais la goutte d’eau, c’est après le dernier confinement suite au variant Zêta. Je veux bien qu’on veuille se défouler après 6 mois enfermé chez soi mais tout de même, lancer ce pauvre Gérard Collomb sur Dimitri Payet… Je ne pouvais pas tolérer ça et il fallait agir, pour le bien du club.
« La musique m’aide à me détendre.
Jouer en public est presque aussi grisant
que de jouer un match de coupe d’Europe »
Sans vous vexer, ne pensez-vous pas qu’à votre âge, vous infliger autant de stress soit déraisonnable ?
Peut-être, mais je trouve des moyens de me détendre. Avec Bernard, on a monté un petit groupe de musique, on se produit dans les bouchons Lyonnais et on a participé à la dernière fête de la musique, ici même, dans les jardins de la Villa Beausoleil. On a notre petit succès. Jouer en public, c’est presque aussi grisant que de jouer un match de coupe d’Europe.
Avez-vous des nouvelles de Juninho ?
Non. Juni a été un formidable joueur de l’Olympique Lyonnais et une de mes erreurs a été de le penser à la hauteur du rôle de directeur sportif. En vérité, il n’a rien foutu à part peut-être nous ramener Thiago Mendes qui n’a pas laissé un souvenir impérissable ici… Mais je me dois de rappeler que Paqueta, Guimares et Marcelo, c’était moi !
B.L. : Marcelo ? C’était pas celui qui prenait 200k par mois à jouer avec la CFA ?
J-M.A : Tu as raison, lui c’était Juni, je n’ai rien à voir là dedans.
Vous semblez vous être fait plus d’ennemis que d’amis durant votre carrière. Votre rapport aux médias n’a pas toujours été simple également.
C’est vrai qu’à une certaine époque, j’ai eu des rapports conflictuels avec les médias particulièrement avec Pierre Ménes et Daniel Riolo. On m’a souvent reproché de défendre mon club à outrance mais peut-on me blâmer pour ça ? Aujourd’hui Pierre vit dans un couvent de bonnes soeurs où il a fait voeu de chasteté, quant à Daniel, on s’est croisé il y a 3 ans à un concert de 3 Cafés Gourmands, on a discuté et depuis on passe toutes nos vacances d’été ensemble à Calvi.
Que peut-on vous souhaiter pour cette nouvelle année ?
Des émotions ! Et je ne parle pas d’une énième coloscopie ! Non, je souhaite simplement bien terminer cette saison, prolonger Raymond Domenech en juin si tout va bien et jouer de la trompette avec mon Bernard. Ce sera déjà une belle année !
Pour finir, y avait-t-il pénalty sur Nilmar ?
Jusqu’à maintenant, je vous trouvais plutôt correct mais là, vous avez franchi la ligne.
B.L. : C’est qui déjà Nilmar ? ”
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